Culte des Fortunes

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Bien avant l’avènement de l’Empire, avant le soulèvement de Fu Leng et de l’Outremonde, avant le prophète Shinsei et le Jour des Tonnerres, et avant même la chute des Kami, les très lointains ancêtres des Rokuganis vénéraient les Fortunes. Ces entités parfois mal comprises jouaient un rôle fondamental, à la fois dans l’univers tout entier et dans la vie des mortels. Constituant la plus vieille religion de Rokugan, la tradition qui consiste à adorer les Fortunes a bien passé l’épreuve du temps, car la plupart des Rokuganis, qu’ils soient paysans ou samurai, continuent à rendre hommage à ces entités. Bien que le culte se soit sensiblement altéré au fil des siècles — en particulier avec l’avènement du Shintao le Culte des Fortunes joue toujours un rôle remarquablement important dans le système de croyances religieuses du peuple de Rokugan.
Si l’on en croit bien des sages, le Culte des Fortunes naquit à l’origine dans la cité perdue de Gisei Toshi. Cette cité antique, bâtie et entretenue par le grand sorcier Isawa et sa tribu, a depuis longtemps disparu de nos jours, mais elle occupait un rôle important dans le patrimoine historique du Clan du Phénix. Le site de Gisei Toshi était un domaine majeur du Clan, et que le Culte des Fortunes y soit né ou non, il y plongeait assurément ses racines. Des reliques, d’innombrables légendes et d’archaïques chroniques datant de l’époque prouvent que le Culte des Fortunes occupait une place prépondérante dans le cœur de ses habitants, et nul ne doute que cette pratique fût déjà largement répandue quand les Kami tombèrent de Tengoku. En fait, bien des sites voués au Culte des Fortunes fondés avant la création de l’Empire sont toujours utilisés de nos jours.
Cette religion se concentrait sur des entités simplement nommées les Mille Fortunes. L’ensemble comprenait Dame Soleil et Sire Lune, les Sept Fortunes, ainsi que les innombrables autres Fortunes mineures qui habitaient chaque endroit du monde connu, qu’il s’agisse du cœur froid d’une pierre, des profondeurs ténébreuses d’un fleuve, du pétale délicat d’une fleur ou du fil tranchant d’un couteau.
Ce type de religion était connu sous le nom de « voie des dieux », et pendant d’innombrables années, ce fut le seul que l’humanité connaissait.
Les Mille Fortunes restent toujours adorées aujourd’hui, mais au début de l’Empire, les adeptes de cette antique religion devaient incorporer les enseignements du Tao de Shinsei à leur système de croyances. En fait, si la pratique du Culte des Fortunes n’avait pas changé depuis des siècles, la religion allait sensiblement se modifier au fil des années qui suivirent l’édit de Hantei Genji imposant au Culte des Fortunes et au Shintao de fusionner pour devenir la religion officielle de l’Empire.

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En réunissant les deux religions, Hantei Genji ne réduisit pas seulement les risques de dissensions au sein des communautés religieuses de Rokugan, mais il créa également un culte fort qui allait rassembler plusieurs philosophies et pratiques différentes. Comme les deux religions avaient des principes en commun, l’édit fut respecté par les adeptes et les moines des deux groupes appartenant désormais à la même confrérie monastique. Ces moines œuvrèrent diligemment de concert pour trouver moyen d’intégrer les idéaux et les principes des deux fois en une seule. Grâce à leur patience et à leur compréhension, il n’y eut guère de changements à appliquer au Culte des Mille Fortunes. Même des centaines d’années après la publication de l’édit du deuxième Empereur de Rokugan, les croyances et les rituels de base du Culte des Fortunes restent dans l’ensemble identiques à ceux des lointains ancêtres du peuple moderne de Rokugan.
Bien qu’il existe littéralement des milliers de Fortunes (le terme de mille est un nombre rond, qui sonne bien et indique la profusion des Fortunes sans représenter précisément leurs effectifs), toutes n’ont pas le même pouvoir et la même influence sur le Royaume des Mortels. À l’exception d’Onnotangu et Amaterasu, qui étaient jadis vénérés comme des Fortunes, les plus importantes de ces entités sont communément appelées les Sept Fortunes. Universellement reconnus comme les plus puissants êtres à s’intéresser à la vie quotidienne des mortels, les Sept Fortunes œuvrent de manière subtile et souvent incompréhensible. En fait, les activités des Sept Fortunes sont rarement reconnues pour ce qu’elles sont en réalité, car ces êtres d’une puissance considérable n’interviennent que rarement dans les affaires humaines.
Les Sept Fortunes occupent une place importante dans l’Ordre Céleste et sont vénérées dans tout l’Empire. Toutes les grandes villes ont des temples dédiés et entretenus par des moines dévots. Ces sites sacrés accueillent un nombre impressionnant de visiteurs chaque jour, car bien des samurai et des heimin font l’effort de présenter leurs respects quotidiens aux Sept Fortunes, une tradition qui date d’avant la chute des Kami. Dans les villages et autres communautés modestes qui ne peuvent entretenir une communauté monastique à proprement parler, les villageois s’occupent avec dévotion de petits autels voués aux Fortunes. Comme cette mission est considérée comme une grande marque de respect envers les Fortunes (et porte souvent chance à l’individu qui travaille au temple), bien des paysans rokuganis se portent volontaires pour entretenir ces autels.
Chacune des Sept Fortunes a une identité qui lui est propre et représente un aspect particulier ou un concept affectant directement la vie des mortels. Chacune des Sept Fortunes est donc vénérée pour une raison différente. Benten, Fortune de l’Amour Romantique, est honoré par ceux qui espèrent se marier par amour plutôt que par devoir, ainsi que par ceux qui rêvent d’avoir une liaison amoureuse. Bishamon, Fortune de la Force, et Jurojin, Fortune de la Longévité, sont largement vénérés par les bushi et les ashigaru. Ceux qui travaillent la terre ou naviguent en haute mer leur rendent aussi hommage, car leur bienveillance peut faire la différence entre une journée fructueuse et un jour de travail perdu. Daikoku, Fortune de la Richesse, est révérée par tous ceux qui rêvent d’une vie meilleure, mais il est particulièrement populaire chez les marchands et les artisans. Fukurokujin, Fortune de la Sagesse, et Hotei, Fortune du Bonheur, sont très largement vénérés, car heimin et samurai trouvent ces vertus essentielles à une vie épanouie et honorable. De même, Ebisu, Fortune du Travail Honnête, est adoré par tous les individus fiables, mais s’avère particulièrement populaire chez les pauvres.
Toutefois, si l’on adore les Fortunes, c’est toujours par respect et non par crainte. De même, personne à Rokugan ne croit que les Fortunes Majeures accorderont immédiatement leurs bienfaits à ceux qui les honorent, et il en va de même pour les êtres qu’on surnomme les Fortunes mineures. Bien qu’elles n’occupent pas une place aussi importante au sein de l’Ordre Céleste que les Sept Fortunes, les Fortunes mineures n’en ont pas moins un rôle à jouer dans son fonctionnement. Considérées comme bien moins puissantes que les Sept Fortunes qui semblent plus détachées du monde des mortels, les Fortunes mineures sont également plus proches des hommes.
Les Fortunes mineures et leurs homologues moins puissants les mikokami, font en réalité partie de tout ce qui entoure les mortels. Les mikokami habitent chaque objet, et chaque pierre, plante, outil, mur, ruisseau, arme ou montagne contient donc un de ces esprits de rang inférieur. Le Rokugani moyen est conscient d’être entouré de mikokami, et il leur témoigne le respect adéquat. Quand un heimin abat un arbre pour bâtir une maison, il offre une prière de remerciement à l’esprit de l’arbre qui donnera un toit à sa famille. Il remercie même parfois l’esprit de la hache qu’il a utilisée, ou le kami du marteau qui lui permettra d’ériger sa maison. Quand un forgeron fond du fer pour forger un sabre, il offre ses remerciements à l’esprit du minerai, qui lui permettra de transformer un simple morceau de métal en véritable oeuvre d’art. Le même forgeron prie aussi l’esprit du feu, essentiel à l’accomplissement de sa tâche.

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Il existe des différences importantes entre les Fortunes mineures et les mikokami. Les plus puissantes de ces entités, les êtres souvent considérés comme des Fortunes mineures à part entière, sont tout à fait différents des simples esprits de la nature (apparaissant comme bien moins puissants) qui habitent tous les objets et toutes les choses environnants. Ces Fortunes mineures ont plus de pouvoir, mais elles se distinguent également en étant associées à un domaine particulier — et plutôt essentiel — de la vie quotidienne. Par exemple, un mikokami qui vit dans le parchemin sur lequel on a écrit un poème important peut avoir un certain pouvoir sur le message ou la création de cette oeuvre particulière, mais Tengen, Fortune mineure de l’écriture et de la littérature, influence toutes les oeuvres littéraires. De même, un heimin peut rendre hommage au mikokami particulier qui habite ses champs, mais Kuroshin, Fortune mineure de l’agriculture, est présent dans chaque champ de Rokugan. Si un heimin peut offrir une simple prière à l’esprit de sa terre, on organisera une véritable fête célébrée dans toutes les provinces de l’Empire en l’honneur de Kuroshin.
Contrairement aux Sept Fortunes, les Fortunes mineures et les mikokami sont très présents dans la vie quotidienne. Ils sont plus proches des habitants de Rokugan, et délibérément ou non, interviennent dans leur vie de tous les jours. Il existe une autre distinction importante entre les Sept Fortunes et le groupe des Fortunes mineures et des mikokami: tandis que les premières interviennent rarement pour modifier la vie des mortels, les Fortunes moins puissantes jouent un rôle bien plus actif dans le monde. En fait, selon bien des érudits, les Fortunes mineures et les mikokami ont en réalité les moyens d’altérer le cours des événements, et par conséquent, ils affectent énormément la vie du peuple de l’Empire d’Émeraude.
Si elles ne reçoivent pas les mêmes honneurs que les Sept Fortunes, les Fortunes mineures n’en sont pas moins régulièrement vénérées. Musubi-no-Kami, Fortune du mariage, est adoré par les familles de ceux qui projettent de se marier dans l’espoir que leur union leur apporte chance, bonheur et longévité. Inari, Fortune du riz, et Toyouke­Omikami, Fortune du grain, sont honorés par les heimin qui cultivent les rizières et les champs d’orge, d’avoine ou de blé, ainsi que par les samurai ayant besoin de ces importantes ressources non seulement pour s’assurer que leurs gens soient bien nourris, mais aussi pour entretenir leurs armées. Koshin, Fortune des routes, est remercié par nombre de ceux qui voyagent dans tout l’Empire, tandis que Suitengu, Fortune de la mer, reçoit les prières des marins. Tengen, Fortune de l’écriture et de la littérature, et Uzume, Fortune de la danse, sont énormément respectés par les artistes et les artisans, et on invoque souvent le nom de ces Fortunes mineures dans les cours de l’Empire.
Les Fortunes sont souvent représentées en peinture, en sculpture et par d’autres formes de décoration. En période de prospérité, elles apparaissent comme des êtres beaux et paisibles, mais en temps de trouble, elles adoptent souvent un aspect bien plus sombre. De manière étrange, le courroux de ces Fortunes mineures est souvent considéré comme plus terrifiant que la colère des Sept Fortunes. Ces dernières existent simplement et font leur office, que ce soit bénéfique pour les mortels ou non. Au contraire, courroucer une Fortune mineure a un impact bien plus direct sur le monde. Ainsi, Ekibyogami, Fortune de la pestilence, est craint de tous, et nul n’oserait mettre en colère Osano-wo, Fortune du feu et du tonnerre.
Disciples Shugenja et Culte des Fortunes
Les shugenja entretiennent une relation unique avec les mikokami, dans la mesure où les esprits de la nature qui vivent en tout chose sont essentiels au fonctionnement de leur magie. Qu’elle soit plus portée vers les enseignements de Shinsei ou vers les rituels plus traditionnels associés au Culte des Fortunes, la magie de tout shugenja dépend de ces esprits, il convient donc de les traiter comme des êtres vénérés et des alliés précieux. Plus encore que les autres Rokugani, les shugenja sont conscients de l’existence des esprits des éléments, la relation qu’ils entretiennent avec eux est si spéciale que peu de Rokugani dépourvus du don de communiquer avec les kami peuvent espérer la comprendre. A noter que les shugenja adeptes du Culte des Fortunes adorent aussi bien les Fortunes mineures que les Majeures.
Si bien des shugenja baptisent leurs sorts en l’honneur des Sept Fortunes, ils le font par respect envers les puissantes entités cosmiques plutôt que parce qu’ils pensent que les Fortunes majeures ont quelque chose à voir avec leur magie. En réalité, les shugenja sont bien conscients du fait que les Sept Fortunes ne s’immiscent que rarement dans les affaires des mortels. Lorsqu’elles le font, leurs interventions sont si subtiles que les shugenja ne sont pas sûrs des actes accomplis, et encore moins des implications ou des conséquences sur l’univers. Les shugenja adeptes du Culte des Fortunes n’en montrent pas moins le respect adéquat envers les Sept Fortunes. Comme la plupart des paysans et des samurai, ils se rendent dans des sanctuaires et des temples voués à Bishamon, Fukurokujin et aux autres Fortunes. Comme la plupart de ceux qui adorent les Sept Fortunes, les shugenja se rendent souvent dans ces lieux consacrés une fois par jour, ou leur adressent au moins une prière tous les jours.
Les shugenja vénèrent également les Fortunes mineures. Bien qu’ils se sentent plus proches des mikokami que des Fortunes mineures, les shugenja sont.tout aussi susceptibles de prier une Fortune mineure que d’honorer l’une des Sept Fortunes. En fait, quand ils jettent leurs sorts, bien des shugenja adeptes du Culte des Fortunes prennent grand soin de remercier au moins une Fortune mineure, en plus des esprits de la nature spécifiques qu’ils ont invoqués. Quand il crée un ouragan, par exemple, un shugenja peut prier Kaze-no-Kami, Fortune du vent, tandis que s’il crée un feu pour brûler ses ennemis, il honorera Osano-wo. En général, plus le sort lancé est puissant, utilisant les esprits élémentaires qui vivent en chaque chose, plus il remercie non seulement les esprits de la nature, mais aussi la Fortune mineure appropriée.

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Disciples Moines et Culte des Fortunes
Le Culte des Fortunes était jadis la religion la plus importante de Rokugan. Même si bien des sages pensaient autrefois que cette antique pratique finirait par s’effacer devant l’étude du Tao de Shinsei, le Culte des Fortunes est resté une religion importante jusqu’à ce jour. Tous les moines rokugani honorent régulièrement les Fortunes. C’est vrai même dans le cas des plus ardents (partisans de Shinsei), bien que les Fortunes tiennent bien moins de place dans leurs activités quotidiennes que dans la vie des autres membres du célèbre ordre monastique. À l’autre extrémité du spectre, certains moines de la Confrérie de Shinsei vouent leur existence tout entière au Culte des Fortunes. Ces derniers concentrent toutefois rarement leur attention sur les mikokami, même s’ils présentent fréquemment leurs respects à ces entités. Au lieu de cela, ces moines préfèrent honorer soit une Fortune mineure particulière, soit les Sept Fortunes, étudiant leurs enseignements tout comme leurs frères étudient le Tao du Petit Maître.
Au sein de la Confrérie de Shinsei, les moines de l’Ordre des Sept Fortunes concentrent l’essentiel de leur temps et de leur attention au culte des grandes entités d’après lesquelles leur secte a été baptisée. Suivant les traditions antiques de leurs lointains ancêtres antérieurs à l’Empire, ces moines vénèrent les plus puissantes des Fortunes, et leurs pratiques rituelles ressemblent tout à fait aux rites de jadis.
Quand Hantei Genji combina le Shintao au Culte des Fortunes, certains moines vénérant les Fortunes y virent l’usurpation de l’ancienne foi par la nouvelle, mais cette crainte se dissipa bien vite. Ceux qui se tournaient vers les Sept Fortunes réalisèrent que le fait d’adopter les enseignements de Shinsei ne faisait que les rapprocher de la véritable lillumination, et renforçait peut-être même leur compréhension des vénérables entités qu’ils vénéraient. Après tout, le discours de Shinsei ne contredisait pas vraiment le système de croyances qui sous-tendait le Culte des Fortunes, et le fait de les adorer n’interférait pas avec les enseignements du sage prophète. Quand la Confrérie de Shinsei fut créée, ceux qui composaient l’ordre des Sept Fortunes entreprirent de réconcilier les enseignements du Petit Maître et ceux des Fortunes, mais ils restèrent concentrés sur le culte traditionnel des Sept Fortunes. Les membres modernes de l’Ordre des Sept Fortunes perpétuent fièrement la tradition antique du Culte des Fortunes tout en cherchant à l’occasion des conseils dans les paroles de Shinsei.
Il existe une autre secte importante de la Confrérie de Shinsei, entièrement dévouée quant à elle à la Fortune du feu et du tonnerre : l’Ordre d’Osano-wo. Comme tous les autres moines, ceux de cette secte suivent à la fois la voie du Tao de Shinsei et celle des Fortunes, mais étudient et vénèrent avant tout Osano-wo. Ces moines pensent que le corps est essentiel pour interagir avec le monde physique, et bien qu’ils voient l’étude de l’âme et la capacité de communiquer avec les kami comme d’admirables disciplines, ils préfèrent explorer le monde des mortels tant qu’ils y sont eux-mêmes incarnés dans une enveloppe de chair. Les moines de cet Ordre, assurément les plus portés vers les arts martiaux de tous les membres de la Confrérie de Shinsei, se considèrent comme l’ultime expression des épreuves auxquelles l’âme est confrontée dans le monde mortel. Essentiellement formés au combat, ces moines s’efforcent de se surpasser dans tous les domaines physiques.

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Les Fragments du Vide Orion_JdR